Dans ce billet, nous allons nous intéresser à l’histoire du protestantisme en France et en Europe de 1575 à 1600, une période marquée par des événements majeurs, tels que l’édit de Nantes, la conspiration des Malcontents, ou encore l’Union protestante. Nous allons voir comment le protestantisme a évolué dans ce contexte, quelles ont été ses forces et ses faiblesses, et quelles ont été ses relations avec les autres acteurs politiques et religieux.
L’année 1575 est celle de la septième guerre de religion en France, qui oppose les catholiques aux protestants. Le roi Henri III, qui appartient à la maison de Valois, est contesté par le duc de Guise, chef du parti catholique, et par le roi de Navarre, Henri de Bourbon, chef du parti protestant. Le conflit s’enlise et provoque des massacres et des pillages dans tout le royaume.
En 1589, Henri III est assassiné par un moine fanatique. Henri de Navarre lui succède sous le nom d’Henri IV, mais il doit faire face à la résistance des catholiques, qui ne reconnaissent pas son autorité. Pour mettre fin à la guerre civile, il décide de se convertir au catholicisme en 1593, avec la célèbre formule : « Paris vaut bien une messe ». Il obtient ainsi le soutien d’une partie des catholiques modérés.
Mais Henri IV n’oublie pas ses anciens coreligionnaires. En 1598, il promulgue l’édit de Nantes, qui reconnaît la liberté de conscience et accorde aux protestants des droits civils et politiques. L’édit prévoit notamment que les protestants peuvent pratiquer leur culte dans certaines villes et dans leurs maisons particulières, qu’ils peuvent accéder aux fonctions publiques et aux universités, qu’ils peuvent bénéficier d’une justice spéciale et qu’ils peuvent disposer de places fortes pour leur sécurité.
L’édit de Nantes est un acte politique audacieux, qui vise à rétablir la paix et l’unité du royaume. Il est aussi le fruit d’un compromis entre les deux parties, qui acceptent de coexister sans renoncer à leurs convictions. Il est cependant loin de satisfaire tout le monde. Les catholiques les plus intransigeants le considèrent comme une trahison et une atteinte à l’autorité royale. Les protestants les plus radicaux le jugent insuffisant et continuent à revendiquer l’égalité complète avec les catholiques.
L’édit de Nantes va donc être constamment menacé par les tensions et les violences qui persistent entre les deux camps. Il va aussi être remis en cause par les successeurs d’Henri IV, qui vont chercher à réduire progressivement les droits accordés aux protestants. Il faudra attendre 1685 pour que l’édit soit révoqué par Louis XIV, qui impose alors la conversion forcée ou l’exil aux protestants.