Culte chaque dimanche à 10h30
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Protestantisme en mutation

La Fédération protestante de France a publié le 23 janvier dernier l’enquête réalisée par l’Ifop. Un sondage, commandé par la FPF, d’une belle ampleur sur « Les protestants en France métropolitaine. Pratiques, croyances et orientations. » Pour mémoire, la précédente enquête remontait à 2010.

Voici les grandes lignes de cette vaste étude publiée sur le site de Réforme. L’hebdomadaire protestant est par ailleurs longuement revenu sur cette enquête dans son numéro du 30 janvier 2025 (N°4075).

L’enquête de l’Ifop, commandée par la Fédération protestante de France, brosse le portrait d’un protestantisme en mutation, notamment marqué par la montée des évangéliques. Elle présente également dans le détail le nouveau paysage protestant. 

Stabilité. Représentant 2% de la population de la France métropolitaine, les protestants constituent le troisième groupe religieux après les catholiques et les musulmans. Premier constat, donc : la part des protestants reste stable, et ce malgré un contexte de sécularisation. La part de 2% qui signifie même une légère hausse, compte tenu de l’augmentation de la population française. “Sur les 66 millions d’habitants que compte la France métropolitaine, il y aurait donc 1 320 000 protestants”, précise Jean-Paul Willaime, directeur d’études honoraire à l’École pratique des hautes études.

Montée des évangéliques. Autre constat, la part des évangéliques progresse de 15 points, par rapport à 2010. Ils représentent désormais 33% des protestants. Précision terminologique : dans l’échantillon des “protestants”, le sondage distingue “protestant” et “évangélique”. Pourquoi ? “Parce que certains évangéliques, sans nier leur filiation protestante, préfèrent se définir comme “évangélique” plutôt que comme “protestant”, explique Jean-Paul Willaime, le qualificatif de “protestant” leur paraissant trop lié au protestantisme luthéro-réformé. Dès lors, pour obtenir un ensemble d’enquêtés représentatif de toutes les sensibilités protestantes, le choix a été fait de proposer évangélique à côté de protestant”. Résultat : 67 % choisissent l’identification “protestante” (-15 points par rapport à 2010) et 33 % l’identification “évangélique” ou “chrétienne évangélique” (+15 points par rapport à 2010).

Jean-Paul Willaime souligne par ailleurs une singularité de l’Alsace-Moselle par rapport à d’autres régions : « La forte proportion du choix de “protestant ” : 87 % et le faible taux du choix d’évangélique” : 13 %. Singularité de cette région où les cultes luthérien et réformé font partie des cultes reconnus et où, pour les autres expressions du protestantisme non liées à l’État, l’on parle d’“églises libres.” »

Paysage protestant. La question « De quelle sensibilité religieuse vous sentez-vous le plus proche ? » permet de dresser le paysage du protestantisme en 2025.  La sensibilité évangélique représente 33% (contre 22% en 2010), la réformée 25% (37% en 2010), la luthérienne 13% (19% en 2010), la pentecôtiste 11% (5% en 2010), la libérale 8%, la baptiste 7% (ces deux sensibilités n’étaient pas mesurées en 2010), la charismatique 5% (2% en 2010), une “autre” sensibilité 11% (9% en 2010). À noter que les réponses majoritaires dans cette catégorie “autre” ne mentionnent “aucune” sensibilité religieuse ou “protestante”. Le total est supérieur à 100, les sondés pouvant donner plusieurs réponses.

« Néo-protestants ». 25% des personnes se disant protestantes dans l’enquête ne l’étaient pas auparavant (contre 22% en 2010). Elles étaient très majoritairement catholiques (72%) ou sans religion (22%).

Pratique différenciée. 33 % des sondés déclarent assister au culte au moins une fois par mois (dont 21 % une fois par semaine). “Les protestants se distinguent nettement des 5 % de pratiquants réguliers observables dans le catholicisme, observe Jean-Paul Willaime. La surprise augmente encore lorsque l’on découvre que les plus jeunes pratiquent davantage que leurs aînés : 49 % des moins de 35 ans assistent au culte au moins une fois par mois (dont 28 % chaque semaine) alors que c’est le cas de 27 % des 35 ans et plus (dont 18 % chaque semaine).”

Et la fréquence de l’assistance au culte est très variable selon la sensibilité religieuse : 64% chez les charismatiques, 48% chez les évangéliques, 17% chez les luthéro-réformés et 16% chez ceux qui s’identifient à la sensibilité libérale.

Ouverture sur les questions sociétales. Les protestants dans leur ensemble apparaissent majoritairement favorables à la constitutionnalisation de l’IVG ainsi qu’à la légalisation de l’aide à mourir. Dans le cas de cette dernière, 67% des protestants y sont favorables (56% des moins de 35 ans, 71% des 35 ans et plus). “Beaucoup seront sans doute surpris de découvrir que l’opinion des protestants sur cette question complexe et controversée est majoritairement favorable quelle que soit sa sensibilité́ religieuse”, commente Jean-Paul Willaime. Ainsi les luthéro-réformés (78%), les libéraux (78%), les évangéliques (56%) et les charismatiques (55%) se disent favorables « à la légalisation d’une aide active à mourir. »

Pour ce qui est de la constitutionnalisation de l’IVG, cette mesure, adoptée en mars 2024, est bien acceptée par 84% des luthéro-réformés, 87% des libéraux, 63% des évangéliques et 60% des charismatiques.

Cathy Gerig et Stéphane Lutz-Sorg