Culte chaque dimanche à 10h30
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Les abus sexuels, malheureusement aussi à l’EPU

Parler des abus sexuels au sein de l’Eglise Protestante Unie, c’est une nécessité car malheureusement, nous ne sommes pas épargnés par les dérives et abus scandaleux de quelques-uns.

Après l’élaboration de brochures de prévention contre la pédocriminalité mais aussi celle contre les violences spirituelles et sexuelles et la mise en place d’une cellule d’écoute téléphonique anonyme, la pasteure Emmanuelle Seyboldt a signé, fin octobre, l’adhésion de l’EPU de France (EPUdF) à la commission Reconnaissance et Réparation. Par cette adhésion, l’EPUdF s’engage fortement pour la restauration des personnes victimes, dont la parole a été trop longtemps étouffée. Elle s’engage également à reconnaître sa responsabilité et à entrer dans un processus de réparation.

Dans le cadre de cette action, la paroisse de Boulogne-Billancourt et sa Pasteure Héléna Vicario avait organisé un culte le 18 mai sur les abus sexuels – en particulier dans l’Eglise – à l’aune de la Bible. La prédication a été suivie par l’intervention d’une psychologue spécialiste du recueil de la parole. A l’issue du culte, il était possible d’aller lui parler en toute confidentialité.

La prédication : La délicate prédication sur ces sujets – comment justifier de tels actes (?) – était basée sur deux textes : Genèse 3 : 1-13 et 2 Samuel 11 : 1-5. En voici quelques extraits :

Le premier texte fait référence au moment où le serpent tente Eve de croquer dans la pomme. C’est le refus de la limite qui conduit Adam et Eve à pécher, ils pouvaient manger de tous les arbres du jardin sauf un seul. Pourtant mettre une limite n’est pas mauvais en soi, mettre une limite c’est ce qui permet de créer un espace commun, un espace de fraternité. Sans limite, le chaos revient.

Le second texte narre le « coup de foudre » de David pour Besthsabée, la pasteure enlève tout romantisme à cette scène qui énumère plus un viol qu’une séduction désirée. Il n’y a pas d’amour entre David et Bethsabée dans le texte biblique. Effacez de vos esprits les atermoiements d’une femme mariée qui a un coup de foudre pour un roi jeune, beau et impérieux. Tout cela n’existe pas dans la Bible. (…) Il est le roi et il abuse de sa position de pouvoir. (…) Les prédateurs sexuels ne demandent pas à leur victime si elle est d’accord, ils se comportent comme si l’acte sexuel était un dû.

Notre Eglise semble plus armée que d’autres pour prévenir les abus sexuels des personnes en responsabilité (..) puisque les pasteurs ne sont pas en position de surplomb, ils sont à égalité avec les fidèles (…). Notre Eglise, comme toute communauté humaine, n’est pas à l’abri des prédateurs, le Christ lui-même a mis en garde contre les mauvais bergers (Jean10,10). Pour finir avec une possible exception protestante, la pasteure rappelle que l’argument selon lequel le pasteur, pouvant se marier, serait à l’abri d’une prédation sexuelle est très loin de la complexité de la psyché humaine. Le couple peut être le premier lieu d’abus.

Face à ce fléau, la pasteure voit trois mesures qui s’impose dans nos vies, dans nos paroisses :

  1. Combattre la culture de l’impunité : Dieu envoie Nathan pour punir David de son comportement, Dieu est toujours du côté des victimes. Toute la confiance et la relation de proximité de Dieu à David sont balayées lorsque ce dernier profite de son pouvoir pour en abuser. (…) Il est important que des paroles prophétiques retentissent qui pourfendent la culture du silence pour donner la voix aux victimes, pour écouter leur parole, pour les accompagner tant il est difficile de parler lorsque l’intimité et la dignité humaine ont été atteintes.
  2. Poser des limites. Le prédateur ne connait pas la limite de la peau, du corps, du vêtement, alors même que le premier vêtement a été cousu main par Dieu pour protéger Adam et Eve. Le prédateur sexuel est celui (…) qui balaye la dignité intrinsèque de tout être humain pour en faire un objet de plaisir. Informer, parler, exiger des limites pour qu’il ne soit plus question de continuer à brandir l’excuse « Je ne savais pas », « Ce non veut dire oui ». De par leur rôle, la formation des pasteur(e)s et l’influence de leurs actes & paroles devraient être accrues. Quant au Conseil Presbytéral, la Fédération Protestante de France demande que « le CP exerce son devoir de vigilance, pour discerner les personnes qui se pensent toutes puissantes. » Une vigilance collective pour poser des limites claires.
  3. Combattre l’omerta. Le silence qui accompagne les actions du prédateur et qui les rendent possibles. (…) Ce n’est pas David qui descend de son palais, « il envoya des messagers se saisir d’elle » saisir en hébreu signifie avoir des relations sexuelles, soulignant la complicité de ceux qui permette l’acte d’abus sexuel et qui se taisent. Si quelqu’un a ou a eu connaissance de sévices, il / elle doit encourager la victime à porter plainte et appeler la commission Reconnaissance et Réparation (09.73.88.25.71).

Et pour conclure, la pasteure nous rappelle qu’en décrivant le roi David, le bien aimé de Dieu, l’oint de Dieu comme un prédateur sexuel, nous sommes mis en garde : personne n’est à l’abri et des mesures s’imposent.

Textes associés à la prédication

Genèse Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme: Dieu a-t-il réellement dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin?La femme répondit au serpent: Nous mangeons du fruit des arbres du jardin.Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez.

2 Samuel 11 L’année suivante, au temps où les rois se mettaient en campagne, David envoya Joab, avec ses serviteurs et tout Israël, pour détruire les fils d’Ammon et pour assiéger Rabba. Mais David resta à Jérusalem.Un soir, David se leva de sa couche; et, comme il se promenait sur le toit de la maison royale, il aperçut de là une femme qui se baignait, et qui était très belle de figure.David fit demander qui était cette femme, et on lui dit: N’est-ce pas Bath Schéba, fille d’Éliam, femme d’Urie, le Héthien?Et David envoya des gens pour la chercher. Elle vint vers lui, et il coucha avec elle. Après s’être purifiée de sa souillure, elle retourna dans sa maison.Cette femme devint enceinte, et elle fit dire à David: Je suis enceinte.

Le premier communiqué de presse reconnaissant des violences sexuelles imputables à un pasteur a été publié le 26 mai 2025 sur le site de l’EPUdF, pour le consulter : ici