Au terme de dix années de scoutisme à Passy, nous (Camille, Ely, Gauthier, Hippolyte, Jules, Thibaud et Thomas) avions à cœur d’organiser une route mémorable. C’est vers le Cameroun que nous nous sommes envolés le 11 juillet, pour y passer trois semaines à aider les soeurs de l’Etoile du matin. Accueillis par Soeur Marie Vianney et le proviseur Théophile Touoyem Tchoffo, et sous la protection de son grand frère le gouverneur du Nord-Ouest, Adolphe Lélé Lafrique, nous avons passé deux semaines dans le tout nouveau centre d’accueil SAINT-MICHEL des soeurs de Babadjou, située à 2200 mètres d’altitude et à une centaine de kilomètres de la frontière nigériane. Nous avons fini notre voyage à Yaoundé, où nous avons fait la classe à de jeunes enfants.
Il est difficile de décrire succinctement le quotidien de la route, tant il a été varié.
Le voyage a commencé fort, quand la compagnie aérienne oublia le transfert de nos bagages lors de notre transit à Casablanca ! Grâce aux efforts de Sœur Marie Vianney et Lélé Lafrique, ils ont finalement pu trouver leur chemin vers Babadjou avec seulement trois jours de retard.
Lélé nous a accueillis avec une fête dansante, organisée par les scouts de Babadjou, où une chèvre a été tuée en notre honneur par les Mbororos, la tribu locale.
Nous avons passé les deux semaines suivantes au centre d’accueil fondé par les sœurs, sous la protection de Lélé, qui y a installé quatre gendarmes veillant jour et nuit à notre sécurité.
Il fallut instaurer un nouveau rythme de vie : comme il fait nuit noire à 20h, nous nous couchions naturellement (ou presque) à 21/22h. L’eau, contenue dans une citerne, venait directement d’un puit et devait être utilisée avec parcimonie. L’électricité était fournie par un groupe électrogène qui n’était allumé que pendant le dîner; les repas, concoctés par la cheffe étoilée Sœur Marie Vianney, étaient l’occasion de découvrir de nouveaux aliments, comme la banane plantain ou le safou, et enfin les épis de maïs grillés dans le feu qui sont vite devenus un incontournable de notre quotidien.
Préparés mentalement à des températures cuisantes, c’est avec surprise que nous nous sommes retrouvés dans l’hiver camerounais qui correspond à la saison des pluies. C’est donc dans des températures confortables et sous une pluie battante que nous avons passé l’essentiel de notre séjour à Babadjou.

La tâche principale de notre route était la peinture du centre d’accueil dont nous inaugurions le dortoir, en privilégiant les couleurs vives typiques de l’Afrique. Le salon et la cuisine ont été peints en orange clair, notre dortoir (ainsi que ses sanitaires) a été peint en bleu, l’autre en rose. Enfin les chambres d’invités ont été peintes en châtain et taupe.

Un autre invité des soeurs était l’honorable père Mamert, qui célébra notamment la messe à la cascade. Les repas accompagnés de Soeur Marie Vianney et du Père Mamert, ainsi que de Soeur Emmanuelle Marie pendant la première semaine, étaient l’occasion de méler anecdotes, débat et spiritualité.

En parallèle, nous avions pour but de découvrir la culture locale. Lélé a demandé aux Mbororo d’organiser une visite à cheval des montagnes environnantes, et d’entreprendre l’ascension du mont Bamboutos.

Nous avons ensuite eu l’honneur de rencontrer le chef traditionnel de Babadjou, qui a fait venir des danseurs pour nous accueillir et nous a offert des tenues traditionnelles de Babadjou.

Avant de quitter le centre, nous avons tenu à laisser une trace de notre passage, et avons pour cela construit un « PH » scout : un mat de huit mètres, orné d’une étoile à cinq branches construite en froissartage, évoquant à la fois le drapeau camerounais et les sœurs de l’Étoile du matin.
En fin de séjour, nous avons été accueillis chez Théophile et avons rendu visite au sous-préfet de Babadjou, lui aussi ancien scout, qui nous a présenté son rôle dans l’administration.

Pour célébrer les 20 ans de son fils Arthur et conclure notre passage à Babadjou, Théophile a organisé une dernière fête autour d’un grand feu.

Enfin, nous sommes montés à bord d’un bus en route pour Yaoundé, où Corinne, l’épouse de Lélé, nous attendait dans son école. Nous y avons fait la classe à des enfants de 6 à 9 ans pendant deux jours avant de visiter la capitale et trouver quelques souvenirs à rapporter.
C’est à l’aube du 31 juillet que nous reprendrons l’avion, en route pour Paris.
Ce voyage en Afrique subsaharienne était le premier pour chacun de nous, et fut en tout premier lieu une aventure riche en découvertes et en émotions. Apprendre à vivre plus modestement, se mettre au service, rencontrer les populations et voir au-delà de leur pauvreté leurs multiples richesses. Nous avons perçu les tensions à l’approche des élections présidentielles et été témoins de fortes inégalités. C’est une chose d’avoir conscience de tout cela, c’en est une autre de le vivre.
Cette route qui a été passionnante pour tous restera à jamais gravée dans nos esprits. C’est par le voyage que nous nous rendons compte de la chance que nous avons de vivre dans un pays comme la France. La route nous a aussi fait grandir, c’est le premier projet d’envergure que nous organisons et que nous parvenons à finaliser. Nous avons enfin compris la signification de l’engagement ainsi que ce que ça voulait dire d’aller au bout des choses. Nous avons tous été frappés par l’incroyable débrouillardise des Camerounais, et c’est une voie qu’il nous faudra suivre dans notre vie personnelle, professionnelle et bien sûr scoute.
Nous tenons à remercier Sœur Marie Vianney pour sa présence énergique indispensable dans l’organisation et le bon déroulement de cette route, ainsi que les frères Lélé Lafrique et Théophile qui nous ont chaleureusement accueillis chez eux à Babadjou. Nous remercions également nos généreux donateurs qui ont contribué à financer cette route, Camille François-Martin qui nous a encadrés, et nos parents pour leur soutien.
