En ce début d’Avent, le Lien Hebdo vous partage un conte de Noël de Catherine Abrecht, diacre, paroisse de Nyon (décembre 2021). A lire en famille en attendant Noël !
Tout le monde le connaît et, en même temps, personne ne connaît son nom. Il est du village et, en même temps, il n’y habite pas. Sa maison ? Elle est plus loin dans la montagne…
Le vieil homme : « Elle n’est pas si loin que ça en réalité, mais le sentier qui vient chez moi est assez raide. Il faut avoir le goût de l’effort pour aller me rendre visite ! »
Et en hiver, quand le givre s’accroche aux branches des sapins, qu’on risque de glisser à chaque pas et qu’on fait de la buée quand on parle, ça donne encore moins envie d’y aller. Les villageois se contentent généralement de jeter un coup du côté de sa maison. S’ils voient de la lumière à ses fenêtres, ils se disent que tout va bien.
De temps en temps, l’homme est bien obligé de descendre pour faire quelques réserves. A l’épicerie, on sait exactement ce qu’il a l’habitude de venir acheter et dans quelle quantité. Et puis, on sait qu’il faut mettre de côté pour lui des bougies. Oui, bien sûr, ils lui ont déjà proposé de s’éclairer avec une lampe à pétrole, mais il a refusé tout net. Il ne veut que des bougies. Il faut croire que vivre seul autant d’années, ça rend un peu têtu.
Le vieil homme : « Je ne suis pas têtu ! J’aime la lumière et l’odeur des bougies. Et est-ce que je me permets de faire des remarques sur eux, moi ? Parce que là, j’aurais quelque chose à leur dire : je ne peux pas descendre au village. Il y a tellement de neige sur le sentier que je ne peux plus venir à l’épicerie. Il n’y aurait pas quelqu’un pour penser à moi ? »
Aujourd’hui, c’est Noël ! Ce soir, les familles et les amis se réunissent. Ils vont chanter autour du sapin, s’offrir des cadeaux. Mais ce soir-là, quelque chose d’imprévu vient bousculer la fête. Dans les rues du village, on commence par voir Joachim qui court :
« Eh, vous avez vu là-haut ! L’étoile qui s’est posé sur sa maison ! »
Petit à petit, les gens sortent et, en effet, là-haut sur la maison du vieux, il y a une étoile qui s’est posée sur le faîte. C’est assez magique ! C’est surtout du jamais vu !
Petit à petit, les villageois sortent de leurs maisons. Ils veulent voir cette étoile de plus près. Pour le coup, ils en oublient que le chemin pour aller là-haut est raide. L’étoile brille si fort qu’ils n’ont pas besoin de torches ou de lanternes pour voir le chemin. Ils grimpent, grimpent, grimpent. A chaque pas, ils s’enfoncent dans la neige molle mais ils ne renoncent pas.
Arrivés devant la maison, ils frappent à la porte.
Le vieil homme : « Entrez ! C’est ouvert ! »
Mais, dans la maison, il fait beaucoup plus sombre qu’à l’extérieur. Il y a bien quelques flammes dans la cheminée, mais c’est difficile de voir où on pose les pieds.
Le vieil homme : « Quelqu’un a pensé à m’apporter mes bougies ? »
« Oui ! Elles sont là ! », répond l’épicier. Par chance, l’épicier a pris avec lui le paquet qu’il avait mis de côté pour lui. Il pensait bien que la réserve du vieux arrivait au bout.
Sur une table, on allume une bougie et on la dépose tout près de lui. Et le vieux prend sur ses genoux un gros livre, un livre avec des pages d’un papier tout fin qu’il tourne lentement, délicatement.
Le vieil homme : « Merci ! Depuis que je sais lire, je n’ai jamais passé un Noël sans lire son récit. Mais ce soir, je n’avais plus de bougie et je n’aurais pas pu le faire si vous n’étiez pas montés chez moi. »
« Tu peux le lire pour nous tous ? » demande quelqu’un.
Alors, le vieil homme pose son index sur la page et commence à lire :
1En ce temps-là, l’empereur Auguste donna l’ordre de recenser tous les habitants de l’empire romain. 2Ce recensement, le premier, eut lieu alors que Quirinius était gouverneur de la province de Syrie. 3Tout le monde allait se faire enregistrer, chacun dans sa ville d’origine. 4Joseph lui aussi partit de Nazareth, une ville de Galilée, pour se rendre en Judée, à Bethléem, là où était né le roi David ; en effet, il était lui-même un descendant de David. 5Il alla s’y faire enregistrer avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. 6Pendant qu’ils étaient à Bethléem, le jour de la naissance arriva. 7Elle mit au monde un fils, son premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle destinée aux voyageurs. 8Dans cette même région, il y avait des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leur troupeau. 9Un ange du Seigneur leur apparut et la gloire du Seigneur les entoura de lumière. Ils eurent alors très peur. 10Mais l’ange leur dit : « N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui réjouira beaucoup tout le peuple : 11cette nuit, dans la ville de David, est né, pour vous, un sauveur ; c’est le Christ, le Seigneur ! 12Et voici le signe qui vous le fera reconnaître : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire. » 13Tout à coup, il y eut avec l’ange une troupe très nombreuse d’anges du ciel, qui louaient Dieu en disant : 14« Gloire à Dieu dans les cieux très hauts, et paix sur la terre pour ceux qu’il aime ! » 15Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : « Allons donc jusqu’à Bethléem : il faut que nous voyions ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. » 16Ils se dépêchèrent d’y aller et ils trouvèrent Marie et Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire. 17Quand ils le virent, ils racontèrent ce que l’ange leur avait dit au sujet de ce petit enfant. 18Toutes les personnes qui entendirent les bergers furent étonnées de ce qu’ils leur disaient. 19Quant à Marie, elle gardait tout cela dans sa mémoire et elle y réfléchissait profondément. 20Puis les bergers prirent le chemin du retour. Ils chantaient la gloire de Dieu et le louaient pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, car tout s’était passé comme l’ange le leur avait annoncé. (Luc 2, 1-20)
A la fin de la lecture, devant la porte, on entend un chien aboyer… et puis des clochettes tintinnabuler comme celles qu’on met aux moutons qui sonnent gaîment et une voix grave dit :
« Ouf ! J’ai bien cru qu’on n’y arriverait jamais avec toute cette neige ! J’espère qu’on n’est pas trop tard ! »
Alors, le vieil homme se lève de sa chaise pour aller ouvrir la porte de sa maison et dans le ciel, juste au-dessus de la maison, de manière presque imperceptible, l’étoile commence à bouger. Bien sûr que les bergers auraient dû être là depuis un moment, mais bon… c’est Noël ! On ne va pas chipoter. L’étoile n’a pas fini sa tournée. Elle a encore bien d’autres maisons à éclairer ! Et pfuit, l’étoile disparaît…