Culte chaque dimanche à 10h30
19 rue cortambert 75116 Paris

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Travail & vocation : à quoi suis-je appelé ?

La Conférence-Débat sur le travail, avec la sémiologue Mariette Darrigrand, notre conférencière, a rassemblé un large public en présence de jeunes de la Maison d’Unité. Mariette Darrigrand a rappelé que le rapport au travail est en pleine mutation, on entend parler des grandes démissions, du désengagement des jeunes et de l’Intelligence Artificielle qui transforme profondément le travail et crée des lignes de fracture. C’est dans ce contexte que notre conférencière prend de la distance à l’égard des discours médiatiques normatifs en donnant des grilles de lecture pour réagir à toutes les formes d’idéologie instrumentalisant les mots. Afin de nous permettre de cultiver notre esprit critique.

A partir de son essai publié aux Edition de l’Equateur « L’atelier du Tripalium : non, travail ne vient pas de souffrance », Mariette Darrigrand nous a conviés à creuser le sens de ce mot. Elle a montré que le travail se pense dans une époque, dans une culture tout en mettant en exergue les différences fondamentales entre les univers anglo-saxons et méditerranéens : le mot aurait été rapproché de « tripalium » au Moyen-Age, quand travailler-dur était une manière de gagner le ciel. Le mot « travail » étant le plus souvent associé à l’étymologie du Tripalium, cet instrument de torture de l’époque romaine qui servait à immobiliser un animal fougueux, produisant un imaginaire de souffrance.

Pour autant, le mot « travail » peut être associé à d’autres origines, et la sémiologue nous a dévoilé les réserves de sens plus positives. Mariette Darrigrand, protestante, l’a ainsi replacé dans l’histoire de la Réforme : selon Luther, le travail « Beruf » est une réponse à l’appel de Dieu, une grâce donnée qui nous met en mouvement et en responsabilité, et non pas un engagement doloriste pour gagner le paradis. Luther délivre le mot travail de l’histoire de la souffrance. Notre conférencière nous a dévoilé ses origines dans la mythologie grecque, associées à l’énergie et à l’ingéniosité humaine (mythe de Métis et naissance d’Athéna) ; Elle nous a embarqués dans l’imaginaire du voyage et de la navigation, à partir d’une origine du mot issue du bois du bateau, et nous avons découvert toutes ses déclinaisons reprises dans le monde du travail : équipe/équipage, gouvernance/gouvernail, galère, etc. 

 Mariette Darrigrand a conclu sur la richesse de la carte des sens, et les nouveaux territoires de représentation ; elle nous a présenté tout le potentiel imaginaire et symbolique du mot « travail », ouvrant sur d’autres manières de nommer l’activité humaine. Deux jeunes filles proches de la maison d’Unité, Yvanie et Maxine, ont donné de la résonance aux propos de la conférencière, répondant aux question d’Isabelle Bourgeois, présidente de la Maison d’Unité. Ces jeunes filles ont témoigné avec souffle de leur vocation, de leur parcours, de leurs joies et de leurs difficultés, de la place du corps et de l’intellect dans leur vie professionnelle. Leurs exposés authentiques et pleins de fraîcheur nous ont montré que le travail peut aussi être vécu par les jeunes comme une source d’épanouissement. Leurs besoins étaient de vivre une aventure humaine, où la recherche du beau est parfois un puissant moteur, où la relation à l’autre (au client, au collègue) est un élément fondamental de la motivation.

Florence Guémy